Cessez d’être gentil soyez vrai - Thomas D'Ansembourg [LIVRE]
Résumer
Je volette de perchoir en perchoir dans une cage de plus en plus petite dont la porte est ouverte, grande ouverte.
GYULA ILLYES
(Poète hongrois, 1902-1983)
Mon histoire commence le jour où j’ai décidé de ne plus vivre ma vie comme on remonte un escalator qui descend.
PASCALDE DUVE
(Poète belge, 1964-1993)
PRÉFACE
Cesser d’être gentil pour être vrai
Exprimer sa vérité dans le respect d’autrui et dans le respect de ce que l’on est, voilà le projet auquel nous convie Thomas d’Ansembourg. C’est l’invitation qu’il nous lance dans ce livre en nous proposant une véritable plongée au cœur de notre façon de dialoguer avec nous-même et avec les autres. Nous y apprenons comment reprogrammer notre façon de nous exprimer, notre façon de nous dire. Au terme de cette démarche, il y a la joie d’être plus près des autres et plus près de soi, il y a le bonheur d’être ouvert aux autres. Et au cœur de cette démarche, il y a la possibilité de renoncer aux confusions accommodantes dont nous nous contentons bien souvent au lieu d’accéder à un univers de choix et de liberté.
Quel beau projet et quel programme! pourrait-on ajouter. Avec des airs de ne pas y toucher ou de n’effleurer que la surface des choses, c’est-à-dire ce que l’on communique à l’extérieur de soi, la méthode proposée par Thomas d’Ansembourg remet en question l’édifice psychologique de chacun.
Entreprise exigeante, car pour arriver à énoncer clairement ce qui se vit en nous, il faut débusquer bien des conditionnements inconscients. Entreprise révolutionnaire, car chemin faisant, nous découvrirons que notre projet de nous dire clairement expose notre vulnérabilité, éprouve notre orgueil. Projet bouleversant, car il met en évidence notre propension à laisser les choses telles qu’elles sont, de peur de déranger les autres, de peur aussi que les autres nous dérangent à leur tour si nous osons parler vraiment.
Projet provocant et stimulant, car il invite chacun à travailler à son propre changement plutôt que d’attendre que l’autre change.
J’ai compris tout le potentiel de la communication non violente alors que je voyageais dans le désert du Sahara. Assisté de Jean-Marie Delacroix, j’y guidais un groupe de vingt-quatre hommes qui participaient à un atelier intitulé La flamme intérieure. Acquiesçant à la suggestion de Thomas d’Ansembourg, j’avais accepté d’engager des jeunes de l’association Flics et Voyous et quelques-uns de leurs animateurs adultes pour nous assurer l’assistance technique au cours de cette aventure. J’avais connu cette association qui s’occupe de jeunes de la rue quelques années auparavant. Pierre-Bernard Velge, son instigateur, et son bras droit, Thomas d’Ansembourg, m’avaient alors invité à les joindre à titre de conseiller psychologique pour une expédition dans le désert à laquelle participaient des jeunes en difficulté. Je les avais donc engagés pour nous accompagner dans notre atelier et m’étais pris au jeu de cette aventure qui visait leur réintégration sociale.
Je m’étais pris au jeu, mais je commençai à le regretter lorsqu’un jeune de l’équipe technique en vint à menacer un adulte avec un couteau. À des heures de route de toute civilisation, l’horreur venait de montrer le bout de son nez. Je ne voulais absolument pas mettre en danger les personnes de mon groupe et je n’envisageai qu’une solution: rapatrier les fauteurs de trouble le plus vite possible. En réalité, c’était une manière facile de me débarrasser du problème.
Je mis Thomas au fait de mes intentions. Sans rejeter ma proposition, il me demanda quelques heures de sursis. De longs palabres eurent lieu sur la dune, un peu à l’écart du campement. Et, à mon grand étonnement, au terme des discussions, l’unité avait été refaite au sein de l’équipe d’assistance. D’ailleurs, aucun problème ne vint plus ensuite entraver la bonne marche du voyage. Tout en admirant la patience de Thomas, je me disais que la technique de communication non violente qu’il utilisait valait la peine d’être étudiée.
Par la suite, Thomas d’Ansembourg est devenu un assistant et un collaborateur régulier à mes ateliers.
Au sein de l’association Cœur.com, je fais souvent appel à lui pour régler des situations délicates. J’ai suivi son atelier d’introduction à la communication non violente et les principes de base de cette discipline sont devenus ceux de mes séminaires.
Pourquoi? Parce que je me suis rendu compte que la plupart d’entre nous, moi le premier, en sommes encore aux balbutiements lorsque nous tentons de communiquer. Nous sommes habitués à évaluer les autres, à les juger et à les étiqueter sans leur révéler quels sont nos propres sentiments, sans oser nous dire. En effet, qui, parmi nous, peut se vanter de faire l’effort d’inventorier les sentiments qui motivent ses jugements avant de les énoncer? Qui prend la peine d’identifier et de nommer les besoins qui ont été refoulés et camouflés derrière les mots que nous prononçons? Qui tente de faire des demandes réalistes et négociables dans ses rapports avec les autres?
Cette manière de communiquer, fondée sur des demandes réalistes et négociables, est d’autant plus intéressante à mon sens qu’elle vient compléter ce que d’autres méthodes, notamment celles de Salomé et de Gordon, ont déjà proposé. Toutes soulignent avec justesse la nécessité que nous avons d’apprendre à parler au «je» à partir de notre propre expérience de vie et à admettre que nos besoins sont légitimes en eux-mêmes. Pourtant, cette légitimité a ses limites. Elle doit trouver son expression dans la formulation de demandes négociables adressées à autrui, sous peine d’enfermement dans une bulle d’égocentrisme.
Car si tous nos besoins sont justes en eux-mêmes, ils ne peuvent pas tous être satisfaits. Des compromis acceptables pour chacun doivent être trouvés. À mon sens, la communication non violente montre ici toute sa force.
Une telle technique ferait des miracles en politique. Elle devrait d’ailleurs être enseignée aux écoliers dès qu’ils commencent à fréquenter l’école primaire afin de leur permettre d’éviter de prendre de mauvais plis en s’éloignant d’eux-mêmes et du mode d’expression qui leur est propre. Sur le terrain du couple, où la friction entre les êtres s’intensifie parfois douloureusement et dangereusement, elle trouve un lieu par excellence où exercer son efficacité. La communication non violente me semble à la fois l’antichambre de la psychologie et ce qui peut permettre à la compréhension psychologique de nos enjeux humains de trouver une implication très pratique dans notre quotidien.
À dire vrai, si les principes de toute méthode de communication sont en général faciles à saisir, c’est précisément la pratique qui demeure difficile. En ce sens, cet ouvrage constitue vraiment un manuel de référence. Il révèle tout le talent et toute l’ouverture d’esprit de l’auteur qui donne une approche du monde des sentiments et des besoins où se reconnaissent deux atouts de sa longue pratique de juriste: la rigueur d’analyse et le souci bien concret de l’efficacité.
Parmi les gens qui ont l’audace de se dire, Thomas d’Ansembourg est pour moi celui qui y parvient avec la plus grande habileté. Ce poète de la communication, cet explorateur des déserts intérieurs et extérieurs a compris que pour en arriver à une réelle communication avec les êtres, il se devait de renoncer aux rapports de pouvoir et risquer sa propre vérité. Je l’ai vu se transformer et passer en quelques années du bon garçon gentil qui a peur de s’engager au mari amoureux et au père dévoué. Je l’ai vu quitter progressivement ses fonctions d’avocat et de consultant bancaire afin de demeurer fidèle à lui-même et d’aider d’autres personnes à le devenir. Avec bonheur, je le vois prendre sa pleine mesure dans ce livre écrit pour nous faire savoir qu’au bout du compte, il n’y a pas d’intimité avec autrui sans intimité avec soi et pas d’intimité avec soi sans intimité avec autrui. Avec la tendresse et l’élégance du Petit Prince de Saint-Exupéry, Thomas d’Ansembourg nous rappelle que l’on peut rencontrer l’autre sans cesser d’être soi.
Guy Corneau
Resultats du Test [Cessez d’être gentil soyez vrai - Thomas D'Ansembourg ]
Surnom | Date Test | Points Obtenu |
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L'AUTEUR DU TUTORIEL
RUSSELL EYENGA
Niveau d'études : L2